mardi, décembre 05, 2006

Trois Muses et un enterrement

Elles sont trois Muses, trois soeurs se tenant par la main. L'aînée, la plus sage, penche son visage grave et pensif qui rappelle les jardins aimés autrefois ; c'est elle que l'on appelle le soir venu et qui paisiblement, quand l'auteur s'assoupit sur le texte, prend la plume à sa place et jette ces mots qu'il aura oublié au matin. La cadette, la plus riante et la plus folle, une bacchante celle-là, lui sert le vin qui l'enivre et lui donne l'étrange hallucination d'un sens et d'une importance aux feuillets envolés dans le vent. La benjamine, la plus douce mais aussi la plus effacée, relit les mots sur son épaule et chuchote à son oreille de discrets encouragements.

Deux d'entre elles m'ont quitté. La première, la Muse de l'auteur, comme les fleurs, ne s'épanouit pas sur les laves. La seconde, celle qui inspira la naissance de ce blog et en confirme aujourd'hui la disparition, s'est retirée dans un château de verre dont, tel un personnage de Kafka, je n'ai même plus le courage de demander la clef. Reste seule la troisième, la lectrice, l'unique personne qui découvrit ce blog par hasard et qui, sans qu'elle eût connu par avance l'auteur ni que rien ne l'ait prévenu favorablement pour lui, resta fidèle.

Je remercie mes trois Muses pour leur soutien constant durant ces quatorze mois et les convie solennellement à l'enterrement de ce blog. De profundis blogibus, tra la la la la, etc. - comme dit à peu près le poète.

19 commentaires:

l'écrivaillonnne a dit…

Sniff ! bouhouhouhou !
On ne peut pas te faire changer d'avis ?
En t'envoyant des chocolats, du foie gras, des tripes farcies...
En t'envoyant suppliques, poèmes et odes...
En te faisant miroiter des commentaires tout à la fois torrides et drôles....
SÛr ?
SUR DE SUR ?

Anonyme a dit…

A mon avis, il faut lui envoyer des tripes farcies au chocolat et au foie gras.

Anonyme a dit…

Elle chantait la tristesse des glas.
Il garde dans son cœur la froideur des prisons.
J'ai cru voir passer son ombre
et mêler ma tristesse à sa morne splendeur.

Il demanda qu’on le laissât seul.
Elle passait dans le jardin en feu.
Il s’amusa à lui dire adieu.
Ah ! que ces mots sont affreux !

Mais je ne ressens plus rien.
J'aurais voulu que tu me donnes
la beauté froide et figée d'un passé abandonné.
Mais ces cris troublèrent un tombeau.

Alors nous croyons voir,
ralentissant le pas,
le fond du passé.
Il vaut mieux courir au trépas.

Dado a dit…

@ Kiki : tu peux toujours envoyer les tripes, le foie gras et le chocolat. Je trouverai toujours quelque chose à faire avec, mais certainement pas un article. ;) Merci encore pour ton attention.

@ David : non, non, ça marche pas, même des tripes farcies aux bonbons Haribo.

@ Romain "Rest in Peace" Pallori :

La voilà donc muette à jamais la Muse Provençale
Dont les accents aimés toujours
Et ma douleur subliment
Et l’Antique en Arles.

Sous une écharpe moirée,
Oh le gentil corsage
De la muse dans une nuit d'éternelle insomnie,
Opale déraison divine !

On part à pied pour le musée de la mine…
L’église est là, pareille au bâtiment.
Puis m'oblige à suivre un long chemin
La tête de Béatrice au musée Granet d'Aix-en-Provence.

Jean-Fernand Jauze, dans "Trois os longs du faune funéraire".

Anonyme a dit…

Je me disais bien qu'il se passait quelque chose. Je reste sans nouvelles de toi depuis samedi...

l'écrivaillonnne a dit…

Maintenant, c'est l'heure des risque-tout. Fais-nous voit ta tête Dado !
Avant le rideau !
Avant le grand saut.
Car un peu de tristesse a englué les muses.
Et pour compenser, on a besoin de te savoir, toi, en vrai...
Elles, on les connaît, elles ont chacune la tête qu'on leur fait. Mais toi, tu es vrai, sans doute imparfait mais tellement plus intéressant. Elles, elles ne nous donnent que ce que déjà on sent. Toi, tu nous donnes le plus pur encens : l'autre, l'étranger, l'absent...

Anonyme a dit…

Oh. Oo *Shock*

Ben merde, c'est con, j'aimais bien lire tes articles, j'apprenais quasiment un nouveau mot à chaque fois. ;)

Nan sans déc', c'est dommage, t'apportait quand même un brin de réflexion dans ce monde d'infléchis irréfléchi.
Bon à la rigueur moi je m'en fout, je sais que jte croiserais encore sur le web un peu partout donc ça va. :) Mais c'est con pour les autres qui vont devoir dealer du Flo pour s'entretenir les méninges.

*s'injecte une dose de dado en intraveineuse*... nan nan c'est bon, je suis cool...

Bonne continuation non-bloguesque mon ami, et à bientôt, ailleurs...

Anonyme a dit…

J'aime bien les repas d'enterrements, on y apprend toujours des détails saugrenus sur la vie du défunt qui ne collent pas forcément avec l'image qu'on en avait. Mais là, si j'ai bien compris, faudra apporter son propre beaujolpif et se fendre d'une anecdote perso sans l'espoir d'en entendre plus en retour :-(
J'ai bien connu le blog à dado, il a bien vécu, et il est mort les bottes aux pieds, sans avoir les foies, comme les vrais cowboys.
Yep.

Anonyme a dit…

j'étais à côté de lui. nous rigolions. c'était les premiers jours de la guerre et nous revenions du front. il n'y en avait pas vraiment d'ailleurs, ni d'ennemis ni même d'hostilités. nous apprenions à nous connaitre comme les 198 autres de la compagnie. je ne connais que très peu de chose de lui. il s'appelait "dado". il me parlait de sa famille, de son arrière grand mère qu'il avait eu la chance de connaitre, ..., il y eu un bruit. mais personne ne pensait à un coup de feu. on aurait plutôt dit un sac lourd qui tombe dans un tas de feuilles. au sol, il avait toujours ce sourire. le pitaine nous a demandé de le porter jusqu'à Beaufort. personne ne parlait. j'ai quitté ma compagnie deux jours après. je suis rentré chez moi. personne ne semble me chercher. je suis mieu ici.

Eugène.

dordje a dit…

ben oui

tout a une fin ...

Anonyme a dit…

Lol. Je ne sais pas pourquoi je me marre toujours lors des enterrements. C'est plus fort que moi la mort me fait toujours (au moins) sourire.

C'est bien d'être conséquent avec sa pensée. Il te reste le plus difficile, après avoir supprimé le blog : le bloggeur (non seulement celui qui fait le blog mais qui subsiste encore sans).
;-)

Je n'ai pas voulu intervenir lors du dernier post (pour te montrer une éventuelle porte de sortie) en me demandant si tu allais : continuer, changer de direction ou mettre un terme aux Songes (de la raison).

Alors si tu en as la curiosité un petit livre pour la route (7 euros bien dépensé) :
Pierre Hadot : "Wittgenstein et les limites du langage" Vrin, Paris, 2006 (réédition).

Et puisque les Muses qui partent sont aussi celles qui reviennent :
à bientôt (si ce n'est sur ce blog peut-être un nouveau).

Anonyme a dit…

Comme il n'y a plus de blog ni de Dado, je fais une apparition sous forme de petit fantôme pour ces derniers remerciements. Si vous voulez évoquer plus tard le petit fantôme, vous pourrez toujours laisser un message dans les commentaires. Il réapparaîtra automatiquement.

Ainsi que le dit sagement dordje, tout à une fin. Et je rajouterai même : tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. Et : qui puise trop souvent de l'eau, il la trouble ; et encore : quand la fontaine est tarie, c'est là qu'on connaît ce qu'elle vaut.
Je pense avoir dit tout ce que j'avais à dire concernant le sujet abordé sur ce blog. Ce n'est plus vraiment la peine de continuer dans cette voie. Je vois que certains lecteurs s'attendaient à connaître plus de choses sur moi. Toutefois, la suite du blog ne leur en aurait pas appris d'avantage : d'une part, ce n'était pas mon intention, sinon je n'aurais pas pris un pseudo et j'aurais déjà mis ma photo. ;) D'autre part, si je pensais qu'il y avait vraiment des choses passionnantes à raconter sur ma vie, ç'aurait été le sujet du blog. :p

Ce blog était donc déjà potentiellement terminé, mais comme Flo l'a deviné, il s'est passé deux ou trois riens qui m'ont un peu fatigué des échanges par internet. Ne m'en voulez donc pas si je ne visite pas vos blogs pendant quelque temps.

@ Kiki l'écrivaillonnne: hélas ! hélas ! Il ne reste plus de Dado que quelques os moisis et un crâne aux orbites creuses sous le drap du petit fantôme. :p

@ Jul': Ah ouais, c'est embêtant, il te va falloir acheter un dictionnaire maintenant. Tiens, pour la peine, voilà quelques nouveaux mots : "Toi le zani vêtu de zénana, écoute comme la zinzoline mésange zinzinule !" Ciao et à bientôt. :)

@ Eugène et John : Merci pour vos épitaphes hilarantes. :)))

@ Condor : une muse de perdue, dix de retrouvées.

Je remercie tous les lecteurs qui ont pris le temps de trouver mes élucubrations amusantes.

Special thanks to my three Muses:
G., my inner Muse
Flopinette for having inspired the idea of this weblog.
Kiki the ecrivaillonnne, my enthousiastic unknown female reader.

l'écrivaillonnne a dit…

Bon vent ! Et plein de bonnes pensées pour la suite de la route...

Anonyme a dit…

Désolé d'apprendre cette nouvelle Dodécadécision. De la fleur au phénix peut-être ? Amitiés

Dado a dit…

Il n'y a pas vraiment à se désoler. J'aurais toujours pu continuer à développer quelques idées, mais on serait rentré dans des détails barbants et sans intérêt, autant pour moi que pour le lecteur. Comme je le disais plus haut, j'ai tout dit. Je peux tout de même rajouter en conclusion cette petite parabole, inventée pour l'occasion :

"Un type se réveille un jour, sans doute pour de bonnes raisons, dans un asile de fous. Après avoir cherché à comprendre où il se trouve, et s'être étonné du comportement de ses voisins, il se tourne vers une personne qui passe près de lui et semble chercher un petit objet au sol à l'aide une loupe. Il lui fait part de ses interrogations :
- M'est avis que nous sommes dans un asile de fous, non ? Qu'en pensez-vous ?
L'autre lui répond :
- Mauvaise déduction, mon cher Watson. Si nous sommes dans un asile, alors vous êtes fou et vous vous abusez. En conséquence, il est impossible que nous soyons dans un asile de fous."

Amitiés aussi. :)

Anonyme a dit…

Au revoir Dado !
J'ai bien aimé te lire pendant ces quelques semaines, mois.
Bonne route !

Dado a dit…

C'est gentil d'avoir laissé un petit mot. :) Au revoir et merci !

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

dommage, il y a toujours tellement à exprimer.

bonne année 2007

Anonyme a dit…

Oui mais pas toujours sur le même sujet.

Bonne année 2007 à toi aussi. :)