« Nous refusons d'utiliser le dictionnaire tel quel à la manière des artistes conceptuels, qui après avoir annexé Duchamp, ont cultivé un fétichisme pseudo-sémiotique du signe. Or le signe reste un équivalent de la proportion morphologique, et mettre une chaise à côté de la définition chaise ne nous apprend rien que la figure de ce que nous souhaiterions transformer. Les "installations" contemporaines n'installent rien qu'un nouvel académisme. La mimesis, qu'Aristote définit avec la poésie comme l'art de ce qui pourrait être, est éminemment préférable à la doctrine d'imitation fascinatoire développée par les artistes conceptuels et minimalistes. »
le galimatias sibyllin des séminaires pompeux de Jacques Lacan,
« Il est singulier qu'en un moment de floraison de la linguistique, la discussion sur ce que c'est, le nom propre, soit entièrement en suspens, je veux dire que s'il est paru exact - et vous en connaissez je pense un certain nombre - que toutes sortes de travaux remarquables, toutes sortes de prises de position éminentes sur la fonction du nom propre, au regard de ce qui semble aller de soi, la première fonction du signifiant, la dénomination, assurément, pour simplement introduire ce que je veux dire, la chose qui frappe, c'est qu'à s'introduire dans un des développements divers très catégorisés, qui se sont poussés sur ce thème à une véritable valeur, je dois dire fascinatoire sur tous ceux qui s'en aperçoivent, il apparaît avec une très grande régularité, à la lecture de chaque auteur, que tout ce qu'ont dit les autres est de la plus grande absurdité. »
et leur maître à brouiller la pensée, le journal sophistiqué des frères Goncourt ; desquels le style « artiste » demeure à tout jamais un modèle de snobisme obscur.
« 12 septembre 1867. Ce soir, nous sommes comme moulus des fièvres d'une folle nuit de jeu. Après l'achat de cette maison de près de cent mille francs, cette maison, si déraisonnable au point de vue de la raison bourgeoise devant notre petite fortune, nous offrons deux mille francs, un prix dépassant le prix d'un caprice de l'Empereur ou de Rothschild, pour un monstre japonais, un bronze fascinatoire, que je ne sais quoi nous dit que nous devons posséder. Au fond, c'est énorme, cette masse d'émotions que nous mettons dans notre vie si plate, nous à l'apparence si froide, et si fous au dedans, et si passionnés et si amoureux. Car nous appelons amoureux, celui-là seul qui se ruine pour la passion de ce qu'il aime : femme ou chose, objets d'art animés ou inanimés. »
Chez un ami à Agde, comme le temps était gris et pluvieux et maussade, comme l'appareil numérique emporté dans mes bagages et l'espoir de faire de jolies photos de la cathédrale s'avérait inutile, j'ai eu le malheur de lire les trois tomes de la BD "Le combat ordinaire" de Manu Larcenet. Rien de tel pour vous fiche pendant plusieurs jours le cafard. J'ai eu l'impression de voir défiler un résumé morbide de mon existence et de celle de mes proches : gâtisme lentement consommé des parents qui donne un aperçu de notre propre devenir, soirées dont l'intérêt s'est peu à peu dilué dans de lointaines habitudes, épuisement moral d'individus écrasés par leur vie professionnelle et familiale, poids des souvenirs douloureux et atroces d'une vie ratée, fuite de l'angoisse existentielle par le suicide ou la procréation, j'en passe et des meilleures...
Je n'ai pas pour habitude d'encenser les Etats-Unis mais je dois reconnaître qu'ils ont bien mieux compris que nous ce qu'est une démocratie. Il nous paraît un peu étrange de voir un pays cautionner un président qui le lance dans une guerre injuste sur la base d'informations mensongères. C'est que nous oublions un point fondamental : aux Etats-Unis, le nouveau président, lors de son investiture, prête serment sur la Bible devant le peuple lorsqu'il expose les grandes lignes de son futur mandat. Les Etats-Unis ont un président de droit divin. Il est tenu religieusement de dire la vérité au peuple et, en contrepartie, le citoyen américain lui voue une entière confiance. Mais s'il s'avère qu'il a menti, comme dans le cas du cyclone Katrina où Bush déclara devant les caméras: "Personne n'avait anticipé l'effondrement des digues" alors qu'une visioconférence le montre prévenu des risques encourus, cela devient une très grave affaire d'Etat.
Flo proposait récemment un petit exercice de style. Il s'agissait de reprendre un