
Hier à l'heure de l'apéro, mon ami le grillon, devant la goutte de pastis et les quelques miettes de cacahuètes que je lui avais servies sur une feuille de mûrier, était un peu bourré. Plutôt guilleret, il me dit avoir réfléchi à la question de la supériorité de l'espèce humaine sur les autres (hormis l'espèce grillonne, bien sûr). Il avait trouvé une de nos caractéristiques assez remarquable ; c'était notre aptitude à concevoir et fabriquer les coiffes les plus inutiles et invraisemblables et à nous exhiber pourvu de ces couvre-chefs sans éprouver le moindre sentiment de ridicule.
Comme je n'étais pas absolument assuré de savoir s'il plaisantait ou non, je lui rétorquai que j'avais moi aussi tourné et retourné le sujet de notre précédente discussion ( voir quelques messages plus bas ). Il me paraissait que deux de nos comportements n'avaient pas leur équivalent chez les autres espèces animales, à savoir :
- les cérémonies rituelles à l'usage des défunts ;
- l'échange d'objets présentant une valeur exclusivement symbolique ( la monnaie ).
Il me dit de ne pas me soucier de tels actes prouvant que l'intelligence dont nous nous enorgueillissions n'était qu'une forme spéciale de l'imbécillité, grâce à laquelle nous prenions constamment des vessies pour des lanternes. Je dus faire une drôle de tête car il s'excusa toute de suite de l'inconséquence de ses paroles et, changeant soudain de sujet de conversation, me demanda si j'avais trouvé un nouveau titre pour mon blog.
Plusieurs idées furent alors mises sur le tapis : "
L'Epistémologie non cartésienne" que je trouvais hors sujet et trop ennuyeux ; "
Critique de la Raison Pure" me plaisait bien mais il me semblait l'avoir déjà entendu quelque part ; "
Entomologie humaine et zététique du quotidien" était un titre splendide, mais - chose pourtant inimaginable - il existait déjà un blog de ce nom ! Après nombre d'autres jets infructueux, mon ami le grillon me proposa "
Homo cappelensis", définition selon lui de mon espèce ; mais comme l'alcool aidant nous n'étions pas très sûrs de notre latin, nous décidâmes d'un commun accord que "
L'Homme au Chapeau" serait un titre plus simple et plus adéquat.
Puis la soirée se prolongeant, je raccompagnai mon ami jusqu'à son trou. Il aurait eu du mal à le retrouver tout seul !