
Comme je prenais mon petit déjeuner chez mes parents, mon père m'annonça que la veille, l'Airbus A380 avait survolé de fort bas sa voiture. Cela venait juste de m'arriver - c'est un avion énorme ! Or la nuit précédente, j'avais fait le rêve d'un immense aéroplane traçant des loopings dans le ciel. Je m'étais demandé si j'étais en train de rêver. Je regardai autour de moi et le décor - le jardin d'un voisin - était parfaitement réel. Il me semblait impossible que ce fut un songe. Pourtant, afin de vérifier, je tentai de voler. J'y parvenais sans effort. Mais persuadé que cela advenait très communément dans la vie de tous les jours, je concluais que j'étais tout à fait éveillé.
Comme d'habitude, ce type de rêves pose un certain nombre de questions troublantes. Pourquoi certaines croyances sont fausses en rêve ? Pour moi, la différence entre le rêve et la réalité était que dans le premier état, il était facile de voler ; et dans le second, plus malaisé mais néanmoins faisable. Pourquoi mon raisonnement était-il biaisé à ce point ? Malgré ces prémisses et me trouvant en train de léviter, j'en arrivai cependant à la conclusion que je ne rêvais pas. Comment est-il possible d'avoir de faux souvenirs ? Je me rappelais avoir déjà volé pour de vrai. Je ne retiendrai toutefois que cette dernière question : pourquoi est-il si difficile de se rendre compte que nous sommes en train de rêver ?
La chose étrange, c'est que lorsque la conscience est peu claire, les détails les plus saugrenus ne nous font pas sursauter. En contrepartie, lorsqu'elle s'apparente à celle de l'état de veille, comme parallèlement, le décor se fait beaucoup plus cohérent. Ainsi il semble que le niveau de réalisme s'adapte à celui de la conscience, de sorte que nous aboutissions toujours à la même conclusion : je ne rêve pas.
Cet obstacle à se rendre compte de l'irréalité de l'environnement m'inspire une idée plus fantastique : et si nous étions morts ? et si nous étions des fantômes et que nous ne le sachions pas ? Mais cette hypothèse machiavélique n'est pas originale : elle a fait l'objet d'un roman de Philip K. Dick et d'au moins deux films récents.
A lire absolument : ne ratez pas la Véritable Histoire de la Pauvre Perruche Courageuse (en deux parties) sur le blog BD de Lisa Mandel. C'est affreux, mais tellement drôle !