vendredi, décembre 02, 2005

Au delà des Pyrénées

Le numéro de Novembre de Cerveau & Psycho était dédié au mensonge et à la séduction :

Mensonge et séduction tissent la trame de la vie sociale. Ces deux caractéristiques de l'espèce humaine lui sont-elles spécifiques ? Non, puisque les stratégies de séduction dans le monde animal sont aussi variées qu'inattendues et que les animaux, les primates notamment, sont experts en mensonges et autres stratégies destinées à tromper un rival qui convoite la même nourriture ou la même femelle. Les psychologues nous apprennent que les personnes qui mentent le plus sont aussi celles qui réussissent le mieux dans leur vie personnelle, sociale et professionnelle. Mais attention, il ne s'agit pas (toujours) de mensonges délibérés. Il y a aussi des mensonges dont on ne prend pas nécessairement conscience, puisque nous nous mentons aussi à nous-mêmes. Nous sommes les premières dupes (ou victimes) de nos mensonges. Mensonges, disent les psychologues, dont l'objet est de sauvegarder notre santé mentale, de nous préserver d'une réalité qui, sinon, serait trop difficile à supporter.

Je n'ai pas lu ces articles mais j'apprécie beaucoup les remarques sur le fait qu'on trouve les plus grands menteurs au sommet de la hiérarchie sociale ( comme il est aisé de s'en rendre compte en entreprise ou en politique ) et que le mensonge sert à conserver un semblant de raison face à une réalité atroce.

Toutefois, ces observations suscitent quelques questionnements. Qu'appelons-nous mensonges ? Les prêtres Aztèques affirmaient que sans un grand nombre de sacrifices, le soleil ne se lèverait pas le lendemain. Pour nous c'est un mensonge, pour eux c'était une croyance fondatrice de leur système social. Or toutes les croyances sur lesquelles notre vie personnelle et notre société sont bâties ne sont-elles pas aussi des mensonges ? Comme le disait Pascal, « vérité en deça des Pyrénées, mensonge au-delà » ou encore : « nous ne sommes que mensonge, duplicité, contrariétés. Nous nous cachons et nous déguisons à nous même». Auquel cas, les mieux placés ne sont-ils pas naturellement ceux qui changent de croyances aussi souvent que de chaussettes ?

Pour nous, un menteur est quelqu'un qui modifie ses dires au besoin. Mais Tchouang Tseu, qui pourtant considérait que Confucius était un maître, rapportait que : « en soixante années de vie, Confucius changea soixante fois d’opinion ; ce qu’il avait affirmé au début, il avait fini par le nier. Qui sait si la vérité pour un homme de soixante ans ne se présente pas très exactement comme ce qui fut pour lui une erreur pendant cinquante neuf ans ?»

Photographie © Philippe Quéinnec. Le col d'Urets dans les Pyrénées. J'aime bien cette photo parce que je suis allé à cet endroit !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le premier mensonge : j'existe. Tous les autres découlent de celui-là, et sont bénins en comparaison.