jeudi, décembre 15, 2005

Salade forestière

Au lever, mes pensées sont encore empreintes de la logique du rêve. Désordonnées, elles présentent des coq-à-l’âne et des raccourcis biscornus. Et tant que je n'ai pas l'estomac calé par mon petit déj', elles sont fortement teintées d'émotion. Le soir, tout s'est structuré, solidifié. Mon jugement est plus lent, plus froid et plus construit. Voilà un exemple de réflexion de la matinée. Les plus futés remarqueront les sophismes qui se dissimulent derrière ce raisonnement en apparence convaincant.

« L'enfant est en cours d'apprentissage ; il s'adapte à son environnement ; il se réjouit du monde. L'âge avançant, l'individu constate que le temps et la société ont dégradé son milieu d'origine. Pourtant c'est ce même univers que son fils trouvera normal et satisfaisant. S'il en est ainsi de toutes les générations, par récurrence on peut déduire que notre vie est une poubelle comparée à celle que connut l'homme du Moyen Age ; et l'on comprend pourquoi les Grecs pensaient que l'Age d'Or était bien loin, bien loin dans le passé. »

Vers l'an 1200, l'Aquitaine, entièrement couverte de forêts, était à peu près inhabitée. Aujourd'hui, la seule zone boisée subsistante, à l'exception des Landes et des Pyrénées, est la forêt de Bouconne, à la sortie de Toulouse. Ce grand bosquet de dix kilomètres sur deux est une forêt morte où jamais ne s'entend un chant d'oiseau. En grande partie reforesté, ses plus vieux arbres n'ont pas cent ans. Un jour, à l'aide de savants calculs mathématiques et du logiciel Matlab, j'ai localisé le lieu le plus éloigné des parkings bondés le week-end.


Les savants calculs du Professeur Dado

J'ai pu y voir deux biches, exploit remarquable à cet endroit.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ton raisonnement partait bien. Mais là où il a merdé, c'est "par récurrence". En fait, il faudrait plutôt dire : si l'adulte avait une perception juste, alors la conséquence serait que notre vie se serait dégradée depuis 2000 ans, ce qui est apparemment faux (quand on lit les auteurs de cette époque). Donc il s'agit d'une perception fausse, conséquence de la dégradation de l'esprit avec l'âge. J'ignore si c'était la conclusion non-dite de ton post ou pas.
Pour le reste, c'est curieux ce que tu dis, parce que moi, c'est le matin que j'ai toutes mes grandes révélations, dans des états semi-oniriques. A ce moment, la clarté est plus grande. En cours de journée, j'ai parfois du mal à retrouver comment j'ai pu voir ce que j'ai pu voir à ce moment, et en moyenne il ne m'en reste que la moitié, mais cette moitié est immanquablement valide. Ton faux raisonnement est chez moi typique du milieu de journée, quand l'esprit est obscurci.

Dado a dit…

Ce sont bien les sophismes que j'avais repérés. Cette perception de désagrégation est subjective (on devient grognon avec l'âge - encrassement des capteurs d'endorphines ? ) et on ne peut pas appliquer un raisonnement par récurrence comme s'il s'agissait d'un fait objectif.

>> c'est le matin que j'ai toutes mes grandes révélations, dans des états semi-oniriques.

J'ai tendance à me méfier des "grandes révélations"... surtout quand je les tire d'états semi-oniriques ! Tu me diras, un blog permet de les mettre par écrit, comme ça on peut vérifier avec du recul si ça coince quelque part !

Anonyme a dit…

Tout dépend de ce que valent tes états border-sommeil. Chez moi, il y a nette augmentation de la clarté - phénomène objectivement vérifiable -. Il m'est même arrivé d'y résoudre des problèmes de maths. Je pense que mon esprit, n'étant pas voilà par les sens externes, est plus proche de sa nature originelle. Cela semble se rapprocher du bardo qu'on connaît après la mort, où l'esprit du mort est paraît-il bien plus aiguisé.
Dans l'onirique, il y a deux sortes de choses : le fantasmatique, et l'énergétique. Si on va du côté de l'énergétique, on trouve que les schémas du corps énergétique sont dévoilés, grâce à l'absence du corps physique.