vendredi, novembre 17, 2006

Croyances

Si on me demande ce que j'ai contre les croyances - car je n'arrête pas de parler d'elles depuis deux mois - je dirai : rien, absolument rien ; puisque tout ce que notre esprit peut produire, ce sont des croyances et des raisonnements fondés sur elles. Qu'il s'agisse de croyances religieuses, scientifiques, politiques, sociales, etc. cela m'importe très peu en définitive.

Ce que je constate par contre, c'est que dans la plupart des cas, l'utilisation que les gens font des croyances est défavorable pour eux ; soit que cela les aveugle quant aux événements qui se déroulent, les empêchant de voir certaines choses et les obnubilant sur des points sans intérêt ; soit que cela entretienne des angoisses et toutes sortes de sentiments douloureux ; soit que cela justifie des comportements qui leur sont néfastes ou à leur entourage. Je pense que l'on pourrait encore trouver de nombreuses raisons à déplorer.

La plupart des méthodes psychologiques visent à mettre en adéquation les croyances du patient souffrant avec son comportement. On observe son comportement réel, on le compare avec celui qu'il croyait avoir ; puis on modifie le système de croyances de sorte qu'il reflète et valorise le comportement ; ou bien l'on modifie le comportement de manière à ce que le patient se rende compte de l'inanité de certaines croyances. C'est sans doute un résumé un peu laconique et grossier mais je suppose qu'il n'est pas trop éloigné de la vérité.

Je m'étais inscrit il y a un peu plus d'un an sur un forum traitant de parapsychologie ; et comme d'habitude au bout de quelques mois on m'avait demandé d'en être un modérateur. Je pensais trouver là le récit de quelques expériences personnelles intéressantes. En fait, je me retrouve plutôt à faire du soutien psychologique, genre SOS Amitié, à rassurer ceux qui s'effraient pour un rien, à renvoyer certains vers le forum traitant de paralysie du sommeil, à consoler des personnes en deuil - ce que je me croyais incapable de faire -, souvent aussi à conseiller le plus délicatement possible d'aller consulter un psychiatre - et parfois les cas sont tellement sérieux que je préfère alors ne rien dire du tout ! De phénomènes vraiment étranges, je n'en ai pas lu le rapport depuis des mois. Ce serait à devenir le plus borné des sceptiques si je ne n'avais pas eu moi-même des expériences hors du commun !

Par contre, ce que je rencontre surtout en matière de curiosités, ce sont bien les croyances des personnes qui s'y inscrivent ! J'en pourrais faire une remarquable collection, en les classant soigneusement depuis l'imbécile rumeur urbaine jusqu'au délire paranoïaque le plus sophistiqué et le plus farfelu. Or ce qui me frappe essentiellement, c'est que la plupart de ces gens souffrent de leurs croyances - mais ce type de forum n'est sans doute pas représentatif de l'ensemble de la population - que ce soit le fanatique sceptique qui vient insulter tout le monde et se fait violemment rembarrer et ridiculiser, la paniquée qui s'est persuadée d'avoir un don pour les rêves prémonitoires et n'ose plus s'endormir, le délirant traqué par une horde furieuse d'extraterrestres télépathes, le paralysé du sommeil cerné par ses démons, la jeune amoureuse dont le philtre est resté sans effet, le vantard que l'on renvoie à ses jouets, l'astraliste piégé dans ses représentations, la réincarnation d'une sainte martyre qui se conforte dans son rôle de victime, le spirite qui s'inquiète pour la personne décédée qui ne l'a pas contacté, le gogo qu'escroque le premier charlatan venu, le métaphysicien quantique incompris... et j'en oublie !

Chacun de ces systèmes de pensée me semble être soutenu, comme une petite chansonnette, par une mélodie personnelle, triste ou sombre ou nostalgique ou lugubre ou exaltée. Mais il y a aussi, c'est une chance, des personnes sensées sur ce forum, et ce sont les personnes dont l'esprit me paraît doué du plus de flexibilité, et qui sont capables de passer d'un accord sur l'autre du mode majeur au mode mineur et de changer de gamme à volonté.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu aurais dû conduire ta réflexion jusqu'au bout et te demander 1) s'il existe des croyances ne débouchant pas sur une souffrance 2) pourquoi on veut souffrir. De fait, quand on enlève toute croyance, au moins temporairement, il ne reste que la béatitude, qui en est réalité un phénomène extrêmement dérangeant. Pour l'ego. L'existence passe par la souffrance, c'est obligé.

dsl a dit…

la chenille est

Dado a dit…

Réponse à vous deux dans le nouvel article.