Un proverbe anglais - l'équivalent de notre "La curiosité est un vilain défaut" - affirme que la curiosité a tué le chat : "Curiosity killed the cat". On le constate là comme pour la plupart des proverbes, la grande sagesse populaire a pour objectif premier de laisser les choses à leur place. Ce n'est qu'à ce lourd prix que l'on pourra acquérir des certitudes et vivre dans un monde stable et rassurant.
Si restant chez soi, chaque jour consciencieusement l'on évite ceux qui ne partagent pas notre point de vue pour choisir au contraire nos vis-à-vis dans la même culture, dans le même milieu, dans la même sphère, on n'éprouve aucune difficulté à croire que ce que l'on pense du monde est tout à fait définitif et avéré. Seule la curiosité permet de se rendre compte combien notre perspective est relative et close.
Aussi mon point de vue demeurera à jamais opaque à tous ceux qui, admirateurs passifs de la raison, resteront tranquillement assis au coin du feu confortable et chaleureux de leurs croyances, sans jamais avoir aventuré le pied plus loin que le bout de leur champ et qui, à la tombée de la nuit, entendent par la fenêtre le même paisible et rassérénant carillon de cloches, depuis le lointain clocher de leur village, assourdi par les brumes du soir.
J'ai fourni à ce jour de très nombreux exemples de la manière dont nous fonctionnons. Mais je crains aujourd'hui qu'il ne viendra jamais à l'idée du citoyen normalement constitué de se comparer à ces curiosités emplumées que furent les Aztèques, les Caribes ou les Séminoles ni aux autres civilisations que décrivent les livres d'histoire ou d'ethnologie. Pour lui, les grands crimes ne se commettent qu'au temps passé ou bien loin, à des milles du fauteuil où il s'endort en lisant le Monde. Que l'ensemble des nations les plus civilisées déchirèrent par deux fois, au siècle dernier, la terre de son grand-père puis de son père, que Quatorze et Quarante-cinq furent un cortège de rêves hideux, il n'en a cure car il n'était pas concerné.
Il évite de voir qu'aujourd'hui même, un des débats scientifiques majeurs outre-Atlantique - sujet de peu d'intérêt car tous les Américains sont des imbéciles - est de décider si les espèces évoluent et si la terre fut créée, il y a six mille ans, par un être supérieurement intelligent. Peu importe en vérité car ce qui l’enthousiasme, c’est de savoir lequel de nos grands politiques, Sarkozy, Royal ou Le Pen, sortira vainqueur du premier tour des élections.
Comme avant lui le Grec ou comme le Romain, il se rassure en se disant que les autres peuples sont des barbares ignares et sanguinaires. Son solide système de pensée ne saurait aucunement être comparé au leur.
5 commentaires:
C'est marrant, hier je voyais une affiche sur la façon de décorer écologiquement sa maison (ou peut-être même de ma construire), je repensais aux HLM hideux construits dans les années 60, aux efforts que certains font maintenant pour faire des trucs mieux, et je me disais : mieux vaut tomber à une époque ou la mode est bonne pour la santé et les yeux, parce que si elle est mauvaise, il n'y a aucun moyen d'obtenir autre chose que la merde qu'on nous présente. Imaginons que dans 50 ans il n'y ait plus de des énergies non polluantes, ça sera normal d'en avoir. Mais aujourd'hui, si t'en veux, c'est pas facile. Pourquoi ? Parce que la société est comme ça et pas autrement. Mais il n'y a pas de bonne raison qu'elle soit comme ça. C'est juste parce qu'elle essaie telle chose à telle époque.
Oui, ça dépend certainement de ce qui paraît le plus important aux yeux des gens à un moment donné et dans un lieu donné. A Toulouse par exemple, la culture ça n'existe pas. :)))
Tu vis à Toulouse? Est-ce mes photos ne donnent pas bien sur fond noir? As-tu aller vérifier?
Ce n'est pas si facile de bouger, de s'élancer et partir ailleurs. Oui, on découvre des trésors nouvelles, mais comme tu le dis si bien, on en paye le prix aussi.
Et ce n'est pas en rouspétant contre ceux qui ne bougent pas qu'on peut les faire bouger, je crois. Mais c'est un note me faisant réfléchir. En tout cas, je ne suis pas entre ceux qui tu t'emballe, je suis celle qui tombe (peut être finalement sur les pieds, mais cela fait mal à chaque fois) n'empêche, je ne peux m'arrêter à être curieuse encore et encore.
Encore une pensée tout à fait juste, Dado. Mais je crois que le manque de curiosité est un résultat d'autre chose.
j'ai été passionée dans ma jeunesse par la société celte. Ils croyaient en la réincarnation, la femme avait pratiquement un statut égale à l'homme (droit au divorce, partage des biens, droit de siéger au conseil de guerre et de se battre ...), et il a fallu presque 2000 ans pour qu'elle retrouve tous cela. Et quand ces pédé de romains sont arrivé, avec leur soi disante lumière de la civilisation, tous cela a été balayé bien évidemment.
Mais il y avait un truc de pourri chez les celtes. Comme il y avait un truc pourri chez les romains. Comme il y a un truc pourri dans les principales puisances occidentales.
Depuis la fin du 19ème siècle, on a donné un nom à ce truc pourri . Les théories économique de monsieur Keynes.
C'est basé l'économie d'une nation sur la guerre.
Alors des petits soldats curieux, c'est pas des bon soldats. Des mères au foyer curieuses, c'est pas bon pour l'effort de guerre. Des prêtres curieux, c'est pas bon pour la santé mentale du contribuable.
Les pays en question, c'est principalement USA, France et GB. Tu enlèves l'économie basé sur la guerre , et l'économie de ces pays se cassent la gueule...
Alors la non curiosité, et le "je reste bien au chaud avec mes potes comme moi", c'est bien plus qu'un manque de curiosité intellectuelle, c'est un des principaux nouveaux moyen d'aliénation des masses. On fournit au peuple ce qui lui plaît de façon atavique, de la bouffe, du cul, et des gens pas bô à haïr de tout son coeur.
Pour le voir, ça nécessite une certaine doses de cynisme.
Et le cynisme c'est mal.
@ Julie70:
Toi franchement, tu bouges beaucoup, dis donc ! O_o
>> Tu vis à Toulouse?
Dans un village à une dizaine de kilomètres de Toulouse.
>> Est-ce mes photos ne donnent pas bien sur fond noir? As-tu aller vérifier?
Oui, je suis allé faire un tour sur ton blog. Les photos donnent bien. Ma remarque sur les fonds noirs, c'est surtout un goût personnel. Et puis ça m'empêchera pas de passer sur le blog ! :)
@ djordje:
Je ne sais pas trop quoi en penser. Au Moyen Age non plus, ça ne devait pas bouger dans les campagnes. Il fallait s'occuper du bétail, on pouvait pas sans doute pas sortir comme ça des terres du seigneur. Mêmes les société nomades, je pense pas qu'elles vont faire un tour chez les peuples à coté. En bref, on a l'impression que les seuls occasions de partir au loin, c'était pour faire du commerce ou la guerre.
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