Mes lectrices et lecteurs sauront-ils me donner un petit coup de main ? Je me demande comment m'y prendre pour explorer un domaine que je suppose peu reconnu. Tout part de cette intuition : il me semble que certaines idées et croyances (1) sont essentiellement soutenues par une ou plusieurs émotions. La question est : par quel moyen d'observation directe, c'est-à-dire sans faire appel à l'interprétation, peut-on surprendre, percevoir et identifier de telles émotions ?
(1) Par croyances, j'entends : l'évidence ( croire qu'une carotte plus une carotte égalent deux carottes ) ; la conviction ( par exemple : « le capitalisme est néfaste à l'homme comme à l'environnement » ) ; le fantasme ( il va bien y avoir un jour un éditeur qui remarquera que mon blog est génial ). Je cherche aussi à savoir ce qui traîne derrière les idées qui provoquent une fascination ( comme les serial killers, le mystère de l’univers, etc. )
8 commentaires:
Tu veux dire que certains discours qui véhiculent certaines idées sont en réalité soutenus par des émotions ?
Je t'approuve sans problème dans cette voie, mais j'entrevois déjà un certain nombre d'obstacles dans une possible démonstration.
D'abord, il n'y a pas d'idées, de mots, de phrases qui ne véhiculent pas également d'émotions. La frontière n'est pas hermétique entre les idées et les émotions.
Ensuite les émotions n'ont pas de caractère vraiment objectif, c'est à dire qu'il est difficile de les rationnaliser. Toute émotion implique un sujet qui la ressent. Chaque sujet aura également un ressenti différent des mots, des émotions en fonction de ce qu'il est.
Je pense qu'une possibilité serait une analyse du langage autour du discour en question. Relever l'ensemble des mots, des expressions, les tournures...puis attribuer des champs lexicaux à certaines émotions, enfin montrer que le discours est finalement construit autour de schémas émotionnels simples.
Est ce genre de réponse que tu attends ?
c'est un essaie...peut etre un hors sujet..
je dirais bien qu'une idée par definition à un charactére obsessionnel,
la finalité d'un discours (ou d'une pensée dircusive dans le bouddhisme), étant de trouver un aboutissement de ce discours (idée)... qui peut par confrontation se transformé en emotion...
Pour identifié cet pensée sous-jacente (emotion) il faut pouvoir ce "calmé", plutot adopté une posture permettant d'acceder au calme, qui permettra juste de la percevoir en tant que tel... sans la suspendre ni l'arretter..
pour moi l'interpretation c'est la pensée discursive..
en attendant ta reponse...
tcho tcho
ps : je ne connais qu'un seul moyen pour l'instant d'introspection (vipassana)..
Piuh ! C'est vaste ! Tu pourrais préciser ? Prendre UN domaine, une idée ou croyance ( c'est si différent, l'idée et la croyance !L'idée peut tout aussi bien être une fulgurence que le résultat d'un raisonnement...). Et puis on verra !
>> lds: Est ce genre de réponse que tu attends ?
Peu importait. ;) Je te remercie beaucoup, d'abord d'avoir répondu, puis d'avoir fait cette remarque car en cherchant comment mieux préciser mon idée, je crois que j'ai trouvé un truc sur l'évidence. :)
En fait, l'émotion qui soutient l'évidence, c'est le souvenir de la gratification qui se produit lors de la compréhension.
>> Tu veux dire que certains discours qui véhiculent certaines idées sont en réalité soutenus par des émotions ?
Je ne sais pas trop quoi comprendre par ton terme "discours". Discours, ça fait un peu long. Une croyance, c'est plus bref. Prend par exemple la conviction qu'il est possible de trouver la vérité. Si je ne me trompe pas, la vraie formulation qu'on a dans la tête, c'est pas "la vérité existe" mais "je peux découvrir la vérité" (ou peut-être pour d'autres, "je peux rencontrer quelqu'un qui m'apprendra la vérité"). Selon ma définition, c'est ce que j'appelle un fantasme. Dans "je peux décrouvrir la vérité", je sens qu'il y a une émotion, un enthousiasme un peu maniaque derrière tout ça.
>> D'abord, il n'y a pas d'idées, de mots, de phrases qui ne véhiculent pas également d'émotions. La frontière n'est pas hermétique entre les idées et les émotions.
C'est exact. La plupart des mots doivent être associés à une connotation émotionnelle.
>> Ensuite les émotions n'ont pas de caractère vraiment objectif, c'est à dire qu'il est difficile de les rationnaliser. Toute émotion implique un sujet qui la ressent.
Le caractère subjectif ne me semble pas être un problème en soi puisque c'est moi que je compte observer. Le problème pour définir une émotion, c'est qu'on doit mettre un mot dessus (comme tu dis, il est difficile de les rationnaliser) et on risquerait de tourner en rond. Il faut donc partir des émotions de base, colère, peur, tristesse et joie, qui sont assez simple à définir car ça correspond à des comportements (agression, fuite, punition et récompense) et sans doute à des sensations physiques ou des souvenirs associés à identifier.
>> Je pense qu'une possibilité serait une analyse du langage autour du discours en question.
C'est justement ce que je voudrais éviter car ça requiert une interprétation (psychanalytique, structurale, marxiste... etc. :p )
>> roul: la finalité d'un discours (ou d'une pensée dircusive dans le bouddhisme), étant de trouver un aboutissement de ce discours (idée)... qui peut par confrontation se transformé en emotion...
Euh... :/ Tu peux développer s'il te plait? Je ne pige pas ces deux points: 1) pour toi, la pensée discursive a pour but de trouver une idée? J'avais l'impression du contraire: elle tourne autour d'une idée qui est déjà là et qui se manifeste de temps en temps (une idée obsessionnelle, comme tu dis). 2) Et ensuite, selon toi, c'est la confrontation d'idées avec autrui qui engendre une émotion? Là encore, j'avais l'impression d'un phénomène inverse.
Merci pour le truc de vipassana. J'y avais pensé mais je suis pas sûr que ça permette de décortiquer le fruit jusqu'au noyau. Ou bien il faut un fichu entraînement. :(
>> Kiki: C'est vaste! Tu pourrais préciser ?
Je ne crois pas que ça serve à grand'chose ici de se restreindre à un cas. Prenons l'exemple de la conviction :"La guerre, c'est une connerie". D'abord tout le monde ne partage peut-être pas ce genre de conviction (un général pensera peut-être qu'elle est nécessaire pour préserver telle ou telle valeur qui lui semble importante).
Et dans les personnes qui sont d'accord, comme disait lds, ce n'est sans doute pas la même émotion qui sous-tendra cette idée. Voire chez la même personne, selon le moment. Donc il ne s'agit pas de discuter de l'émotion associée par chacun à une croyance, ou à une idée obsessionnelle, mais de savoir comment trouver chez soi l'émotion qui se cache derrière une conviction récurrente.
Il n'y a que la clarté qui puisse permettre d'y voir clair. Et à mon avis, ça se produit tout seul. Tu pratiques des trucs qui augmentent la clarté (peu importe lesquels finalement, pourvu que ça marche), et tu as des compréhensions directes qui te viennent. Tu ne choisis pas lesquelles. Pour moi, récemment, est venue celle que le temps n'était pas une donnée si "évidente" que ça. Tout à l'heure quelqu'un m'a dit "je ne suis pas souvent dans l'état sans témoin", et la perception m'est venue que cette formulation était erronnée, parce que ça ne se pose pas en termes temporels. Mais je n'ai pas encore l'esprit assez clair pour voir ce qu'il y a derrière. Ce matin en tous cas, un truc est devenu clair : le karma, c'est du passé qui est toujours là. Quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise, tout ce qui n'est pas dissout dans l'état naturel va former une couche sédimentaire, notre karma. La pratique met toutes ces couches au jour et les dissout.
Il paraît évident que dès le départ tu éprouves une fascination envers la compréhension, mais sans la pratique, je ne vois pas comment tu peux t'en sortir, parce qu'il y a des présupposés au-delà desquels tu auras du mal à remonter. Il ne faut pas oublier que les couches sédimentaires sont dans le corps, pas dans la tête.
Ne donnes-tu pas la réponse dans ta question ?
Par quel moyen d'observation direct...
Dans tes tentatives de distinctions (de différents types de croyances) il me semble que tu cherches à voir le rapport entre l'émotion et la pensée. On peut imaginer trois cas de figure : la pensée résulte de l'émotion, l'émotion résulte de la pensée, la pensée accompagne l'émotion ou l'émotion la pensée. Dans le cas du fantasme il semble que l'émotion soit première (le désir de reconnaissance engendre la pensée "Un jour un éditeur..."), dans le cas de ce que tu nommes l'évidence c'est l'inverse (le contentement suit la résolution d'un problème).
Mais en fait pensée et émotion sont indissociable comme le côté pile et face d'une même pièce.
Les émotions peuvent s'ouvrir et laisser apparaitre un flot de pensées - en observant les sensations physique de colère par exemple on peut entendre les propositions : je le hais, ...
Et inversément, on peut constater des sensations physiques (que par le jugement nous interprétons comme étant telle ou telle émotion) accompagnant une pensée.
Ensuite si on ne fait qu'observer sans rejeter ou entretenir la chose celle-ci s'envole (ensuite il y a plusieurs manière, on peut par exemple s'envoler avec).
Je crois que je comprends mieux ce que tu recherches, il ne s'agit pas d'une analyse scientifique de l'association entre idée et émotion, mais plutôt d'un désir d'introspection face à la présence de convictions dont la base semble émotionnelle.
Si c'est cela, il me semble qu'il y a des pistes à explorer. Il est nécessaire d'une certaine façon de "revivre" la situation, l'expérience qui a permis une association forte entre une émotion et une conviction. La psychanalyse utilise l'association libre, mais je crains que se situant dans le mental le chemin soit long. Je crois que le maître mot pour avançer dans ce sens serait de laisser faire ; c'est à dire se placer soit même dans une position de conscience qui permette l'émergence sans jugement des émotions, des sentiments, des souvenirs...la plupart du temps les plus fortes émotions sont associées à des expériences de l'enfance, et implique des proches...retrouver la situation, le noeud qui s'est formé permet bien souvent d'en dénouer une partie.
Merci pour vos idées. Je vais voir ce que je peux en tirer.
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