mercredi, novembre 15, 2006

Le Traité de la Musculation de Mr René Descartes

A mon avis, l'esprit humain fonctionne sur un mode essentiellement métaphorique ; et la compréhension que nous avons d'une chose dérive le plus souvent d'une analogie avec un autre domaine. C'est de ce principe que découlent l'allégorie, mais aussi la sémantique spectrale inventée par le Professeur Cocnescu, satrape virtuel du Collège de Pataphysique. L’une comme l’autre consistent à transférer le contenu d'un discours depuis un champ sémantique - appelé spectre sémantique - vers un autre plus ou moins arbitrairement choisi. Le contenu résultant ne doit pas être pris à la lettre - c'est l'erreur que commit la psychanalyse ; mais c'est de la comparaison entre les deux discours que naît un sens nouveau. Il est ainsi possible de discerner plus aisément l’intention, l’attitude, les préjugés ou les erreurs de raisonnement de l'auteur.

Après avoir éclairci les bases, je vous propose une petite application. On comprendra mieux ainsi le principe inédit du Pr Ramir Ambrosius Cocnescu. Nous choisirons comme support, par pur hasard (1), le paragraphe d'introduction du Discours de la Méthode.

« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ; car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent : mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien. Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices aussi bien que des plus grandes vertus; et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent et qui s'en éloignent. »

Le spectre de départ est celui de la raison ; nous proposons comme spectre d'arrivée le domaine de la force physique. Malheureusement, la connaissance des champs sémantiques est encore à un stade limité ; aussi la bijection entre deux spectres est approximative, empirique. Nous ne pouvons que déplorer cet état de fait et espérer une amélioration de la méthode dans les années à venir. Ces restrictions une fois formulées, voilà la transformation obtenue :

« La force physique est la chose du monde la mieux partagée ; car chacun pense être si bien fichu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter n'ont point coutume de désirer faire de la musculation. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous soient maigrichons : mais plutôt cela témoigne que la capacité permettant de déplacer de la fonte, qui est proprement ce qu'on nomme la force physique, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi que la diversité de nos résultats ne vient pas de ce que les uns sont plus forts que les autres, mais seulement de ce que nous utilisons des muscles divers et les employons à des activités différentes. Car ce n'est pas assez d'avoir le corps musclé ; le principal est de savoir utiliser sa force. Les meilleurs athlètes sont capables de se froisser un muscle aussi bien que de battre un record ; et ceux qui font du footing tranquillement peuvent aller plus loin, s'ils adoptent un rythme régulier, que ceux qui courent n'importe comment. »

Il est ainsi possible de discerner plus clairement la boutade que constitue la première phrase. Nous constatons aussi une distorsion curieuse de la pensée lorsque Descartes prétend que la raison est égale chez tous ; sans doute voulait-il signifier que la capacité à distinguer le vrai du faux était unanimement présente ; car si pour quelque cause étrange elle était égale, tenter de l'améliorer serait certainement sans effet. Dans la même optique, on note ce qui ressemble fort à un sophisme dans la phrase ambiguë : "la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres" ; il paraît manquer l’adverbe "seulement".

Mais là n'est pas encore l'essentiel de ce que nous obtenons ; il faut de plus considérer le tout sous une perspective supplémentaire. Le spectre d'arrivée était-il réellement parallèle au spectre de départ ? Les différences curieuses que nous avons notées découlent toutes du fait que le champ sémantique "force physique, musculation" admet une gradation alors que dans ce paragraphe le spectre "raison, méthode" semble n'en accepter aucune. Descartes était-il tellement convaincu que tout le monde disposait d'un degré égal de bon sens ? Cette proposition paraît si contraire à l’observation qu’on me permettra d'en douter (2).

(1) Et qu'on ne voie surtout pas là la suite de discussions récentes à propos du sens à donner à ce texte !
(2) En appliquant la sémantique spectrale à la Méthode même, on obtient un intéressant traité de musculation où il est conseillé : a) de ne pas démarrer n'importe comment, avec précipitation, mais de s'assurer que les instruments sont bien fixés, qu'on a bien compris l'exercice et qu'on ne se blessera pas ; b) de "diviser chacun des poids à soulever en autant de disques qu'il se pourrait, et qu'il serait requis pour les mieux soulever" ; c) de "conduire par ordre les exercices, en commençant par les haltères les plus petites et les plus aisées à soulever, pour monter peu à peu comme par degrés jusqu'à soulever les plus lourdes" ; d) et de faire constamment des revues générales de ses capacités musculaires afin de "s'assurer de ne rien omettre".

7 commentaires:

Anonyme a dit…

« Nous constatons aussi une distorsion curieuse de la pensée lorsque Descartes prétend que la raison est égale chez tous ; sans doute voulait-il signifier que la capacité à distinguer le vrai du faux était unanimement présente ; car si pour quelque cause étrange elle était égale, tenter de l'améliorer serait certainement sans effet »

C’est précisément non pas le point G mais le point I (le point Ironique).
Descartes redéfinit le bon sens ou la raison comme étant la « puissance de bien juger et de distinguer le vrai d’avec le faux ». Une chose est en puissance qui n’est pas encore en acte, c’est donc une simple capacité. Pour l’actualisation ou pour développer cette capacité il faut autre chose. C’est ce que veut nous « vendre » Descartes par son discours, une méthode qu’il a lui-même expérimentée.
L’ironie est donc dans cette définition minimaliste du bon sens.
La première phrase n’est donc pas le moins du monde ironique pour peut que l’on accepte cette définition puisque effectivement tout le monde a la capacité de raisonner. Et tout le monde le fait. M. Jourdain qui fait de la prose sans le savoir fait aussi des raisonnements. Le matin il sort avec son parapluie s’il pleut, etc.
Le mythe de la « blague préférée » de Descartes est donc un mythe.

« Descartes était-il tellement convaincu que tout le monde disposait d'un degré égal de bon sens ? Cette proposition paraît si contraire à l’observation qu’on me permettra d'en douter »
Il l’acceptait précisément pour nous « vendre » sa méthode. Tout en étant conscient de sa définition paradoxale. L’ironie réside toujours dans un décalage, c’est précisément dans celui-ci que réside l’ironie cartésienne. Dans le décalage entre la définition vulgaire et philosophique (ou cartésienne) du bon sens. La proposition n’est « contraire à l’observation » que pour M. Jourdain pas pour M. Descartes qui observe effectivement que la capacité de raisonner bien (et non le fait de bien raisonner) est partagée par tous. Présente aussi bien chez M. Jourdain que chez M. Descartes.

On ne peut avoir la fonte et l’argent de la fonte. Il faut choisir entre la redéfinition du bon sens et l'ironie de la première phrase. Replacer l’ironie au bon endroit (au point I) permet de préserver le « Discours de la méthode » (car sinon il ne pourra pas vendre sa méthode à tout en chacun) tout comme l’humour de l’auteur.

Comparaison n’est pas raison.
Le bon sens est de l’ordre qualitatif et non quantitatif (comme la force musculaire). Il ne s’agit donc pas d’avoir plus de bon sens comme nous pouvons avoir plus de muscles mais d’exercer son jugement pour juger correctement - par l’application d’une méthode.

A la place de musculation il aurait fallu prendre un sport un peu plus élaboré qui demande aussi un savoir faire ou une technique et pas seulement une force physique.
Ou encore un art comme la musique :
« Le sens musical est la chose la mieux partagée du monde (…) ».
Ce sens musical étant redéfinit alors (en vue de nous vendre des cours) comme une simple puissance à bien jouer de la musique. Puissance qu’il faudra actualisée par des cours théorique de solfège ou d’harmonie et de technique de l’instrument et par des heures de pratiques quotidiennes.

Anonyme a dit…

A mon avis, on aurait pu faire une glissement sémantique avec la "nature de bouddha". Et là, une grave question se pose, à savoir quand on doit mettre "nature de bouddha" et quand on doit mettre "clarté". Est-ce : "la nature de bouddha est la chose la mieux partagée au monde" ? Admettons. Dans ce cas il n'y a pas d'humour dans cette phrase, mais on n'est franchement pas plus avancé, car le chien a aussi la nature de bouddha, ce n'est pas pour autant qu'il a l'esprit clair. Il me semble qu'il manque un paramètre comme "la capacité du pratiquant".
Il me semble qu'il est quelque peu tombé dans le piège habituel du gars qui assiste à des enseignements dzogchen, et qui adopte le point de vue de l'absolu - puisque tout est rigpa, alors tout va bien. Alors que le seul point de vue à condidérer est celui du pratiquant (à savoir que tout va réellement très mal).
Et j'ai encore raté le test des lettres.

Dado a dit…

>> condor : La première phrase n’est donc pas le moins du monde ironique pour peu que l’on accepte cette définition puisque effectivement tout le monde a la capacité de raisonner. Et tout le monde le fait. M. Jourdain qui fait de la prose fait aussi des raisonnements sans le savoir.

Je n'ai pas réussi à retrouver dans mon Discours de la Méthode (Garnier Flammarion, 1966) la citation comme quoi la phrase d'ouverture était une des plaisanteries favorites de Descartes. Je ne sais donc plus où je l'ai lu. Toutefois, dans la première phrase de la préface de Geneviève Rodis-Lewis, on peut lire :

« Si le "bon sens est la chose du monde la mieux partagée", la justification qu'en donne Descartes n'est pas exemple d'ironie et s'inspire d'une sentence à la mode. »

Puis dans la note de bas de page, elle précise que la phrase se trouve en effet presque à l'identique dans Montaigne (Essais, II, 17), dans Mathurin Régnier et dans le Père Garasse :

« Le Père Garasse attribue la sentence à Platon et en accentue l'aspect ironique : "il n'y a si pauvre idiot qui ne s'en contente". »

L'humour de cette phrase repose évidemment sur le caractère récursif de la proposition. Si le bon sens est le seul moyen de savoir si l'on a du bon sens, quelqu'un de complètement insensé sera persuadé qu’il est sensé (comme on le voit à l’œuvre chez le paranoïaque). En poussant ce raisonnement à l’extrême, on est en droit de se demander s’il existe quelqu’un de sensé. Mr Jourdain raisonne sans le savoir, mais il peut parfaitement raisonner tout de travers et être aussi fou sans le savoir. Ce doute revient systématiquement dans l’œuvre de Descartes et l’hypothèse du malin génie n’est que l’extension de cette proposition.

Mais comme Descartes vit encore à l’époque de l’Inquisition ; comme il a été encouragé à écrire son Discours par le Cardinal de Bérulle ; comme il demande son avis sur le texte à des religieux ; comme il s’inquiète dans une lettre au Père Mersenne de la condamnation récente de Galilée, pourtant bien vu par le Pape - « ce qui m’a si fort étonné que je me suis résolu de brûler tous mes papiers »… « mais comme je ne voudrais pour rien au monde qu’il sortit de moi un discours où il se trouvât le moindre mot qui fut désapprouvé par l’Eglise », etc. ; il est assez clair qu’il ne peut pas pousser ce genre d’arguments sceptiques très loin : « je n’ai osé m’étendre sur les raisons des sceptiques » - d’autant d’ailleurs qu’il n’y souscrit pas, à mon avis.

Cette phrase est la toute première du Discours. Il est invraisemblable qu’un penseur et un écrivain puisse mettre une proposition tellement bancale à une place tellement privilégiée. Il me semble donc évident que le but était de faire sourire le lecteur en le faisant douter temporairement de son bon sens, puis de rattraper le coup en le caressant dans le sens du poil. C'est de la rhétorique, pas de la démonstration.

@ flopinette:
Je crois que ce truc de vérification de mots déconne de temps en temps, car ça ne marche parfois pas pour moi aussi, alors qu'il y a peu de lettres.

Anonyme a dit…

Flo,
Rien à voir.
Le bon sens cartésien n'est pas la fin mais le départ. Dans le dzogchen la base et le fruit sont la même chose pas chez Descartes. Le bon sens c'est seulement la matière première qui va devoir être travaillé pour produire quelque chose. Descartes distribue ce bon sens à tous pour que tous puisse profiter de sa méthode pour le parfaire. Car ce bon sens doit être éduqué.
Par exemple :
Tous les hommes sont mortels,
Flo est une femme,
Donc Flo est immortelle.
M. Jourdain aura fait un raisonnement puisqu'il a du bon sens (selon la définition cartésienne) mais son raisonnement n'est pas correct car il n'a pas acheté et lu la méthode de Descartes.
(Pour faire simple j'ai pris un syllogisme aristotélicien mais cela ne change rien).

Dado,
N'est-ce pas toi qui reprochais à une Ids de trop respecter Pascal et Descartes en disant qu'il fallait penser par soi-même. Voilà maintenant que les seuls arguments que tu avances sont des arguments d’autorité du Père Garasse. (Tu ne m’en voudras pas pour cette petite pique). Pour moi non plus l'ironie n'est pas absente de la proposition puisque la proposition utilise l'expression redéfinie par Descartes - mais elle porte sur cette expression non sur la proposition. Quand au frère du Père Fougasse il a marché sur sa soutane, Platon (et je le connais un peu mieux que Descartes) n'a jamais dit cela.

De quoi tu parles ensuite ?
Ce n'est pas le bon sens qui va vérifier le bon sens c'est la méthode cartésienne !
(Je l'ai pourtant relevé) Descartes le dit noir sur blanc le bon sens est une PUISSANCE de bien juger et non le fait de bien juger. Pour actualiser cette puissance, et donc pour savoir si les jugements que l’on porte sont corrects ou non, il faut une méthode. Précisément ce que nous vend M. Descartes dans son « Discours de la méthode ». (D'une manière générale pour la philosophie c’est une logique – selon les règles de laquelle s’effectuent les raisonnements).
La proposition n'est pas le moins du monde bancale.
(Quand au Malin Génie et autres anecdotes c'est hors de propos.)

Pour les vérifications des mots cela marche (pour moi) mais seulement si j’autorise mon navigateur à recevoir des biscuits.

Dado a dit…

Condor, ce que tu évites soigneusement de relever, c'est que Gilles Deleuze, Geneviève Rodis-Lewis, Flopinette et moi-même ( ainsi que le brave père Garasse ) avons vu de l'humour dans une phrase où tu n'en vois aucune.

Maintenant, si je t'écoute, quand je n'appuie pas mes dires sur des références, ça ne vaut pas un clou. Mais si je te fournis les références que tu me demandes, tu me reproches alors de les avoir données. De même, je trouve ça bien facile de me reprocher le contenu d'un texte qui est en fait de Geneviève Rodis-Lewis. Tout ça est d'une complète mauvaise foi.

Si je cite cet auteur, c'est pour signaler que, selon elle, "le bon sens etc." était apparemment une blague à la mode à l'époque. La citation du père Garasse n'en est qu'une preuve à l'appui.

Je ne pense non plus que Geneviève Rodis-Lewis, professeur émérite à la Sorbonne, historienne de la philosophie, spécialiste de Descartes, et qui a rédigé des ouvrages sur Spinoza, Malebranche, Leibniz et Platon soit abusée le moins du monde lorsqu'elle dit dans sa note : "Le Père Garasse attribue la sentence à Platon". Le verbe "attribuer" veut bien dire ce qu'il veut dire et ça m'étonnerait qu'elle s'y soit trompée.

Anonyme a dit…

Comment lis-tu les commentaires ? Un mot sur deux ? Une phrase sur deux ? Je parle en long et en large de l'humour de cette phrase qui selon moi réside dans la définition du bon sens. La citation de Geneviève R.G. peut tout aussi bien se comprendre ainsi. C’est ça les références concernant la « blague préférée de Descartes » ? Je m’attendais à des extraits de lettres de l’auteur où il se moquait de sa propre formule du bon sens.
Ce n’est pas très sérieux.

Je ne sais pas de qui était l’expression mais du moment où tu me la jetée à la figure tu l’assumes. Au demeurant c’est sans importance, CE N'EST PAS UNE ATTAQUE DE PERSONNES MAIS D'IDEES. Pour moi je me fiche pas mal de savoir qui a raison, la seule chose qui compte c’est de comprendre le texte, non ? Si tu m’apprends quelque chose (sur Descartes ou n’importe qui) je ne vais pas m’en offenser, mais au contraire te remercier. Puisque j’aurai appris quelque chose.
Si tu n’as pas cette attitude oublies la philosophie.

Si tu fais une erreur de syntaxe dans un programme, en oubliant par exemple une parenthèse, il ne va pas tourner. C’est la même chose ici il faut lire chaque mot, si tu fait l’impasse sur le terme de « puissance », la démonstration ne va pas fonctionner. Descartes fait aussi de la littérature mais lorsqu’il raisonne il le fait en philosophe il faut donc le lire avec attention.

Quand au terme « attribuer » cela veut simplement dire que ce brave Père Garasse « pensait que ». Et alors ?

Bon on ne va pas repartir pour 45 post.
Si tu n’as toujours pas compris tu te programmes une boucle et tu relis le passage de Descartes et mes commentaires et ne sors de la boucle qu’une fois avoir passé le test - pour me dire que tu as saisi le raisonnement ou faire des objections un peu plus consistantes.
La philosophie n’est pas un sondage d’opinion.

Dado a dit…

Je pare à l'endroit où se situe l'attaque. Tu me demandes de parer au niveau de la tête quand tu frappes beaucoup plus bas. Tu peux trouver ça curieux si tu veux, mais je ne suivrais certainement pas ton bon conseil.

Ceci dit, je retiens surtout une chose des discussions de ces derniers jours, bien que ça n'ait jamais été clairement exprimé, je crois : confondre raison et bon sens, comme le fait ici Descartes, semble assez étonnant et douteux.