La méthode paranoïaque-critique, le fer de lance de Salvador Dali, consiste en grande partie à créer des images doubles et à dissimuler des représentations à l'intérieur d'un tableau. Dali utilise une méthode de "camouflage psychologique" - selon ses propres termes : il reproduit, à proximité du dessin caché, des formes similaires, comme s'en apercevra dans l'exemple cité plus bas.
Pour ceux que ce jeu amuserait, je propose une nouvelle méthode d'image double inspirée d'une illusion d'optique trouvée sur le site de Jean Pierre Petit. Les curieux qui ont suivi le lien dans l'article en question l'auront déjà vue.
De près, le visage de gauche est celui d'un homme grimaçant et celui de droite d'une femme calme. De loin, c'est l'inverse. L'explication fournie sur le site est incroyablement tarabiscotée et, à mon humble avis, à peu près fausse. Je crois que l'incompréhension découle de l'obnubilation sur la méthode utilisée : plaquer sur une image soumise à un filtre passe-bas (ne laissant que les grandes masses) celle issue d'un filtre passe-haut (qui restitue seulement les détails). En fait, le filtre passe-haut va juxtaposer des contours de tons complémentaires. A partir d'une certaine distance, ces valeurs seront perçues par la même cellule rétinienne et leur addition optique va produire une tonalité neutre confondue avec le reste. On ne discernera alors que les grandes lignes du dessin.
L'intérêt de cette illusion réside donc exclusivement dans le fait qu'elle met en évidence l'importance des détails et des contours - les yeux, le nez, la bouche - dans la perception d'un visage humain. En effet, de près, les zones de valeur apparaissent comme secondaires et n'entrent pas en compte dans l'appréciation de l'émotion exprimée - du moins de manière consciente. L'idée que je propose serait de créer des images doubles où l'agencement des zones de valeur ajouterait une impression inconsciente, voire contredirait, le tracé lisible du dessin.
Ce principe peut-être utilisé dans un tout autre but. Dans cette nature morte du peintre flamand Willem Claesz Heda, le surgissement de la réalité est obtenu grâce à l'ajout de minuscules éclats spéculaires et de petites lignes d'ombre aux masses indistinctes des objets. Mais là, je crois que je n'apprends rien aux peintres...
Oeuvre originale.
Image avec filtrage passe-bas : les grandes masses sont indistinctes.
Image avec filtrage passe-haut : ce sont quelques rares éclats qui donnent l'impression de réalité.
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