M'étant réveillé ce matin de toute autre humeur qu'hier, c'est avec hilarité que je constate la proximité de ces deux phrases dans mon article précédent :
« Depuis quelques années, on ne peut pas dire que je sois très heureux. »
« Au fait, les croyances remodèlent aussi les souvenirs. »
La première n'illustre-t-elle pas le phénomène décrit par la seconde ? N'est-ce pas la preuve même de ce que j'avançais ? J'ai l'intuition que ce qui façonne le monde, c'est avant tout les émotions. Autour d'elles, autour des sentiments se conglomèrent les croyances de la même manière que les lignes de limaille s'organisent autour de l'aimant. Telle émotion active presque physiquement - il serait sans doute plus juste de dire chimiquement - telles croyances et voilà que toute la bobine des idées associées se dévide et construit sur l'instant le filtre à travers lequel passé, futur et présent apparaissent à nos yeux. C'est peut-être ce qu'entendent les bouddhistes lorsqu'ils parlent de "voiles émotionnels".
Le même homme, à une heure enthousiaste, la tête pleine de projets d'avenir, verra le fil lumineux de sa vie se tracer à travers une série de rencontres et de coïncidences surprenantes, pour lui riches de signification, qui l'ont amené au jour béni d'aujourd'hui ; le lendemain, perdu dans l'univers instable, il contemplera du haut de la décharge de ses désillusions la poussière de ses pas sur le chemin jalonné de ratages qui l'a conduit là, au milieu de nulle part.
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