mercredi, septembre 20, 2006

Le cri

« La maladie, la folie et la mort sont les anges noirs qui ont veillé sur mon berceau et m'ont accompagné durant toute la vie » ( Edvard Munch ).

La vie du peintre norvégien Edvard Munch ne fut pas une sinécure. Sa mère décède quand il a cinq ans ; alors qu'il en en quatorze, sa soeur ainée succombe à la tuberculose ; son autre soeur souffre de dépression ; son frère s'éteint quelques mois à peine après son mariage. En 1889, à l'âge de vingt-six ans, Munch est à Paris quand il apprend la mort de son père. Deux ans plus tard, il peindra la première esquisse du tableau Le Cri. Il l'achèvera en 1893 ( photo ci-contre). C'est aujourd'hui de lui le plus connu.

L'oeuvre de Munch s'oppose radicalement au naturalisme. Elle s'attache à décrire un état intérieur, souvent désespéré, sombre et, reconnaissons le franchement, névrosé. « L'appareil photo ne peut pas concurrencer le pinceau et la palette, écrit-il, tant que l'on ne peut pas l'utiliser au Paradis ou en Enfer. » Soit dit en passant, cette phrase est excessivement mélodramatique car Munch oublie que s'il est possible de s'y procurer un pinceau et une palette, un photographe peut apporter son appareil.

Cette nuit, je me suis réveillé dans un état bizarre de l'imagination, comme cela m'arrive de temps en temps. Pendant quelques minutes, j'étais à moitié éveillé, à moitié assoupi. Des pensées, dont certaines se présentaient sous la forme d'images peu distinctes, étaient curieusement informes et distordues. Non seulement l'atmosphère dense dans laquelle baignait leur contenu était assez fétide mais, d'une manière assez inexplicable, c'était leur aspect qui présentait une sorte d'aberration. Je crois que le mieux, pour décrire ce genre de pensées, serait d'évoquer le délire de la fièvre. On est pris dans un tourbillon nauséeux de formes pensées entrelacées et répétitives d'où parfois se dégage une idée, une vision, une phrase totalement absurde mais qui, sur le moment, nous paraît tellement importante qu'elle absorbe entièrement notre attention ; puis se voit sitôt remplacée dans un enchaînement qui n'a de la logique qu'une sensation interne de conviction mensongère par quelqu'une des autres pensées confuses et incohérentes qui nous entourent comme dans un bain. Le plus étrange est que ces idées mêlées d'un sentiment d'obsession et de concentration désagréables présentent, d'une manière incompréhensible, un mouvement visible, quasiment, presque certainement palpable, et qu'on croirait sentir ces abstractions passer près de nous, à portée de la main.

On ne peut mieux décrire cet état de la pensée que par le terme morbide, qui selon l'étymologie ne signifie rien d'autre que mou, car au lieu d'avoir le caractère distinct, net et transparent des idées ordinaires, il est stagnant, pâteux, vaguement opaque, plutôt malsain et flou.

C'est alors que, sortant de mon demi-assoupissement, au moment précis où je reprenais mes esprits, je vis se dresser devant mes yeux clos le tableau du Cri. Sans l'ombre d'un doute, c'était cet état de confusion que Munch avait tenté d'exprimer.

Autres œuvres d’Edvard Munch : le Musée Munch d’Oslo.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je me dis qu'il serait peut-être intéressant que tu raccorde tes visons avec ce qui se produit dans ton corps à ce moment là. J'ai eu plusieurs rêves comme ça où j'ai pu retrouver des éléments de pratique en portant mon attention sur ce qui se produisait dans le corps à cet instant, mon hypothèse (suite à des posts de Flo puis en cherchant moi même) est que les images ne sont que les produits de ce qui se trouve dans les canaux énergétiques et du niveau de clarté qui se présente au même moment.
Du coup j'ai pu utiliser ces éléments vus en rêve pour voir ce qui bloquait (et où) dans ma pratique à l'état de veille.

Dado a dit…

En fait, ça devait être bien lié à un début de rhume car j'ai aujourd'hui un peu de fièvre. Mais il faudra que je pense à repérer les choses au niveau "énergétique" quand j'ai l'occasion.