Des songes de la raison naissent les monstres ~ Francisco de Goya y Lucientes. Où l'on prendra connaissance des interrogations futiles de Dado sur la nature ultime du monde et de la conscience ; et sur la similitude entre la raison et la folie...
jeudi, septembre 21, 2006
Le jeu de la nature
A celui qui se connaît un peu soi-même, les ressorts de son comportement sont tellement évidents et naturels - comme Freud avait commencé à le montrer - et la nature est tellement contraire à la culture - ou plus précisément la culture fait tout son possible pour se différencier de la nature - que le spectacle de ce mécanisme paraît une aberration, une monstruosité ou pour le moins une insulte au bon goût.
Il est remarquable de constater à quel point les idées reçues et apprises sur nous-mêmes et sur ce que doit être un être humain sont à l'opposé de notre réalité et se refusent à décrire les enfants turbulents et violents que nous sommes. Il existe une part de nous-mêmes - et n'est-ce qu'une part ? qui n'est ni homme, ni femme, ni animal mais de simples et fulgurantes pulsions de joie, de terreur, de tristesse ou de fureur. On ne pourrait mieux les comparer qu'à des phénomènes météorologiques qui se fondraient aux choses et amalgameraient le monde pour en faire leur terrain de jeu.
Et peu importent les cercles de sérieux et de prétention successives qui nous gênent, qui nous emprisonnent, nous appesantissent et nous pétrifient, il n'y a pas plus proche pour nous décrire que ces enfants qui s'amusent à loup, à chat perché ou à facteur-n'est-pas-passé et qui sont réellement, le temps de leur marelle, le loup, le chat ou le facteur.
Illustration : Fofa Rabearivelo
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5 commentaires:
En fait, tu donnes là une définition de la pulsion érotique que tu évoques dans le post ci-dessus. Bien sûr, nous sommes des êtres de sensations, de recherche du plaisir, immédiat chez l'enfant, différé chez l'adulte "normal". Et ces "fulgurances", de joie, de colère ou de peur sont très souvent intellectualisées, à tort. On se trompe souvent de colère : on reproche à son conjoint de ne pas être allé chercher le pain, alors que ce qui nous a vraiment atteint, c'est le sentiment d'abandon, de trahison, de solitude (ou d'autres encore) que cela a fait surgir.
On peut aussi observer directement les animaux...
>> Kiki : Et ces "fulgurances", de joie, de colère ou de peur sont très souvent intellectualisées, à tort.
Tout à fait exact. L'émotion arrive d'abord, on trouve une justification (mentale donc) après coup.
>> flopinette : On peut aussi observer directement les animaux...
Là je ne suis qu'à moitié d'accord. Voilà la moitié où je suis pas d'accord : à propos des animaux, on fait des fables. On choisit des exemples de comportement qui justifient l'explication qu'on s'est déjà faite du comportement humain. Veut-on prouver que "l'homme est un loup pour l'homme" et que tout est régi par la "loi du plus fort", on fait des documentaires sur les lions dont les commentaires sont à s'exploser de rire. Et ça peut même amener à des erreurs d'observation, comme par exemple le coup des lemmings qui a été inventé vers 1950 et qui n'est qu'une métaphore du suicide du peuple allemand et de la crainte de la destruction atomique. En bref, lorsqu'on regarde des animaux, il faut faire gaffe aux très grosses projections qu'on fait dessus.
Les chinois avaient exactement cette intuition. La médecine chinoise distingue les 5 mouvements, qui sont aussi 5 saisons, 5 forces et 5 émotions...
Par exemple, le vent est associé au printemps, et à la colère. C'est une énergie dont la caractéristique est le mouvement, elle a tendance à faire monter. Ces énergies cosmiques dont on peut voir les effets sur l'environnement, et dont on constate le rythme et l'harmonie, sont présentes en nous de la même façon.
Sans aller chercher les chinois, c'était pareil chez nous avec les 4 éléments d'Hippocrate, qui correspondaient à 4 humeurs, 4 saisons, etc.
Mais ma métaphore d'un "phénomène météorologique" évoquait plutôt l'impression d'une force impersonnelle qui nous dépasse, qui fait partie du "paysage" intérieur et dans laquelle nous sommes englobés, un peu comme quand on se prend le crachin ou qu'on lutte contre le vent.
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