mercredi, septembre 06, 2006

Le paysage toscan



Tellement touché par votre gentil accueil à mon retour, je regrette un peu de n'avoir pas grand'chose à vous raconter de la Toscane. J'ai surtout passé ces deux semaines à explorer le paysage que l'on apercevait depuis Radicondoli, ce qui prend bien plus de temps qu'on ne l'imagine, car sitôt que l'on s'éloigne de la quatre voies Florence-Sienne - sur la voie de gauche de laquelle poussent des surgeons de vignes et de peupliers - on se retrouve sur des routes sinueuses comme il ne se parcourt ici qu'à compter de mille mètres d'altitude, si elles ne se transforment pas au détour d'un virage en piste carrossable de jolis graviers blancs !

Le voyageur en Toscane a l'impression de visiter l'un de ces minutieux paysages médiévaux tel qu'on les voit dans les enluminures ou la fresque d'Ambrogio Lorenzetti. En vérité, la vision de l'artiste du XIIIème siècle reproduit beaucoup plus fidèlement la réalité subjective que ne le fait l'oeil photographique actuel.

Comme au Moyen-Age, le centre du champ de vision implique la communauté humaine car c'est seulement depuis le village, systématiquement situé sur une hauteur, que l'on peut découvrir ce qui se passe alentour. Le paysage est triangulé par les regards inquiets que s'échangent les cités fortifiées d'une colline à l'autre. Depuis les remparts de Radicondoli, on voit se découper à travers l'atmosphère transparente non seulement chaque donjon et chaque clocher de village sur les sommets les plus proches mais, à travers des trouées dessinées entre les vallonnements, les lourdes fortifications de Volterra et les tours élancées de San Giminiano, à vol d'oiseau cinq lieues plus loin.

Les collines ont chacune leur individualité : l'oeil les distingue nettement les unes des autres et elles sont loin de former ce drapé mollement plissé et onctueux que montre l'appareil photo. Leur altitude paraît exagérée car il est long d'y grimper à pied - et encore maintenant en voiture. Le long de leurs flancs s'inclinent les champs de blés et les rangs parallèles des vignes et des oliviers plus clairsemés. Quelques fermes s'éparpillent en contrebas. Parfois, au pied d'une montagne, on découvre les augustes et rustiques murailles rouges d'une seigneuriale fattoria, propriété agricole appartenant encore à quelque ancien comte ou immémoriale duchesse, et du territoire immense de laquelle s'exploitent seulement de minuscules parcelles courant entre les bois de chênes et de robiniers.

Le réseau routier ne dessert pas la campagne dans son ensemble ; mais chaque chemin, dont le tracé imprévu remonte lui aussi certainement au Moyen-Age, ne joint que les deux villages les plus proches d'une crête vers l'autre ; de telle façon que le trajet le plus direct en apparence requiert souvent de contourner la vallée inhabitée et ses ponts effondrés par les crues de torrents au lit trompeusement désert...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est sûr que la peinture parle beaucoup mieux que la photo. C'est bien simple, dans ta photo, on n'y voit rien. Alors que dans le tableau, ça y est, on a compris où tu as passé tes vacances.

Dado a dit…

Quand je disais que j'étais un mauvais photographe... :)