dimanche, février 12, 2006

Le plan brillant du sénateur Palpatine

Flo vient de rédiger un article sur la manière dont les dictatures technologiques sont en train de se mettre en place. Mon opinion diffère sur quelques points. Pour éviter les longues et fastidieuses explications que ce sujet ne manquerait pas de nécessiter, j'ai choisi de comparer ce que nous vivons avec le plan du sénateur Palpatine dans Stars War. Ce choix paraîtra dérisoire à ceux qui n'ont pas saisi la justesse de l'étude politique réalisée par Lucas. Mais ceux-là n'auraient pas adhéré non plus à un exposé circonstancié.

Le premier point du plan du sénateur Palpatine est de provoquer la panique. L'histoire des peuples regorge de sorcières, de bolcheviks, d'égorgeurs papistes ou huguenots, de réactionnaires rouges, blancs ou diversement colorés, d'anarchistes sanguinaires qui terrorisent la veuve et l'orphelin ; ce n'est pas la peine de s'étendre plus là dessus. Sous ce prétexte, on "lutte contre l'insécurité", on renforce le pouvoir de l'état, on met en place une surveillance policière, on supprime les libertés sans que personne ne remarque rien ou n'ose franchement l'ouvrir. Dans notre cas, cet objectif est déjà amplement couronné.

L'analyse de Flo s'arrête à ce stade. Or il peut paraître négligent d'oublier la suite du plan car le second point est d'habitude le déclenchement d'une guerre mondiale. Tous les Palpatine de l'histoire ont appliqué cette procédure : César, Louis XIV, Napoléon, Hitler, etc. Lors d'une bonne guerre, il n'est plus question de savoir si on est pour ou contre le gouvernement. Il faut être "patriote" et comme l'a dit l'autre : "ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi". Quand la population fait face un ennemi extérieur, elle ne peut plus s'insurger contre les mesures prises par l'état : plus question de pester contre le gouvernement, plus question de faire machine arrière, il ne reste qu'à faire bloc parce qu'on est devant le fait accompli.

Enfin, le troisième point du plan de Palpatine, une fois la guerre imminente ou déclarée, c'est d'éliminer, sous prétexte de traîtrise, les Jedi, c'est-à-dire les rares qui conservent un point de vue lucide sur la situation et veulent arrêter le massacre. Cet objectif est enfantin à réaliser puisque l'attention de la population est obnubilée par les événements extérieurs. Les pauvres malheureux ont le choix entre fuir dans un coin paumé de l'univers et attendre que ça passe, comme Hermann Hesse en 14 ; ou encore se faire assassiner, comme Jean Jaurès.

Les événements plus ou moins récents nous montrent que plus personne ne sait ce qu'est une démocratie ; que plus personne n'est capable de faire preuve du moindre recul sur la situation ; que plus personne ne peut s'empêcher de privilégier les émotions primaires sur le bon sens. Nous avons l'impression d'être dans un bar avant que les clients bourrés et hargneux n'engagent une bataille de comptoir. Il est vain d'essayer de les raisonner.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

"Ce choix paraîtra dérisoire à ceux qui n'ont pas saisi la justesse de l'étude politique réalisée par Lucas. Mais ceux-là n'auraient pas adhéré non plus à un exposé circonstancié."
QUEL MEPRIS INSUPPORTABLE pour ces "pauvres idiots..."

Anonyme a dit…

Tiens, une chenille ! C'est bientôt le printemps.

Dado a dit…

Bonjour cher commentateur anonyme,

Je viens de relire ma phrase et je n'y trouve pas le mépris que vous signalez.

>> Ce choix paraîtra dérisoire à ceux qui n'ont pas saisi la justesse de l'étude politique réalisée par Lucas.

Certaines personnes n'ont pas vu que derrière le film d'aventures était présent un message politique. Ce qui me permet de le supposer, c'est que plusieurs ont dit après les épidodes 1 et 2 que c'étaient des films pour les gamins. Ces personnes trouveront donc que choisir un "film pour gamins" dans le but d'illustrer un propos "sérieux" est dérisoire. Je suis conscient de ce point et je préviens mon lecteur contre ce préjugé.

>> Mais ceux-là n'auraient pas adhéré non plus à un exposé circonstancié.

Si ces personnes se sont rendues aveugles à un message qui me semblait pourtant assez clair, ils ne voudront pas non plus le voir ailleurs. Ce n'est pas à mon avis une question d'idiotie, comme vous le prétendez, mais simplement la peur de voir la vérité en face, chose malheureusement commune à l'ensemble de l'humanité.

Votre agressivité me semble donc injustifiée. Quand au terme "pauvres idiots", il n'est pas dans mon texte, vous seul en portez la responsabilité.

Dado a dit…

>> Flo: Tiens, une chenille ! C'est bientôt le printemps.

Au besoin, je dispose aussi de la bombe anti-chenilles. :)