jeudi, septembre 21, 2006

Eros

Si ma mémoire et ma compréhension de son oeuvre sont bonnes, Sigmund Freud - est-ce besoin de le présenter ? a répété durant la première moitié de sa vie que la pulsion érotique n'était pas nécessairement sexuelle - ce qu'aucun de ses détracteurs n'a jamais saisi. Puis, devant les accusations répétées de ses adversaires qu'il ramenait tout au sexe car ceux-ci confondaient érotisme et sexualité, il soutînt durant la seconde que ses critiques avaient raison de lui prêter de telles idées et qu'évidemment la pulsion érotique était bien sexuelle.

Il y a plusieurs manières d'interpréter un tel retournement. Lors d'une dispute, on se confond souvent avec le chef d'accusation de notre adversaire et l'on se conforme à l'idée fausse que celui-ci se fait de nous ; ou bien Freud, appliquant sa méthode à la lettre, s'est convaincu qu'il y avait sans doute une vérité derrière le lapsus de ses opposants.

Peut-être fais-je moi-même un raccourci excessif de son oeuvre, peut-être me suis-je imaginé quelque chose qui n'y était pas, peut-être ai-je même inventé ces conceptions. L'essentiel est, il me semble, que c'est cela que j'ai compris et je répète donc - avec Freud ou sans Freud : la pulsion érotique n'est pas fondamentalement sexuelle. Eros n'est pas Vénus.

C’est peut être difficile à assimiler. Pour tout un chacun, érotisme est synonyme de sexe - comme on l'entend par "film érotique" - et nous ne nous souvenons pas que nous avons passé les meilleurs années de notre vie à faire de l'érotisme à propos de tout et de n'importe quoi : l'érotisme est la pulsion sensuelle qui nous fait rapprocher des choses et nous attache à elles. Quand j'apprécie un verre de bon vin, quand je me réjouis du chant d'un oiseau, quand je m'émerveille devant un champ de fleurs, c'est de l'érotisme.

Mais encore une fois, à peine aurai-je prononcé le mot sensuel que tout le monde va penser à la fesse ; comme si l'être humain n'avait qu'un seul sens et situé entre les jambes...

Illustration : Eros et Psyché, Baron François Gérard, 1798.

7 commentaires:

l'écrivaillonnne a dit…

En effet, pour freud, les pulsions érotiques sont les pulsions de vie, quelles qu'elles soient. Elles s'opposent aux pulsions de mort ( thanatos). Ce sont elles qui nous poussent à agir, à désirer le mieux pour nous, à aimer, à entreprendre. C'est tout ce qui nous fait du bien... Rien à voir avec une histoire de cul, enfin, si, mais ce n'est qu'une partie...

Anonyme a dit…

Peut-être n'as-tu pas mesuré jusqu'où va le sexe ?... Bon, je sens que je vais devoir faire un post...

Anonyme a dit…

"comme si l'être humain n'avait qu'un seul sens et situé entre les jambes..." c'est une question de cul-ture : par chez nous, si Eros et Thanatos étaient dans le même bateau, il semble qu'Eros soit récemment tombé à l'eau.

Dado a dit…

>> kiki : "En effet, pour freud, les pulsions érotiques sont les pulsions de vie, quelles qu'elles soient".

Dans la première partie de l'oeuvre. Il me semble qu'après, il dit clairement que c'est sexuel. Mais je peux me tromper. Il faudrait que je relise et j'ai la flemme.

>> flopinette : "Peut-être n'as-tu pas mesuré jusqu'où va le sexe ?"

Humm... Etant en plein élan d'inspiration romantique exaltée, je me retiens de faire une blague à la John Warsen (cf. commentaire au dessus). C'est vraiment difficile, je l'avoue.

>> john : "Si Eros et Thanatos étaient dans le même bateau, il semble qu'Eros soit récemment tombé à l'eau".

Et c'est toi qui dit ça ? O_o

Anonyme a dit…

Pourquoi ? tu me sens dans l'usurpation de la légitimité de quelqu'un ? Bon, je sens que je vais devoir faire un post "pulsion de mort et côtes de porc" ;-)

Dado a dit…

Lol! Voilà un sujet qui s'avère passionnant! Il me tarde de lire ça. :)

Anonyme a dit…

il est tombé d'un camion de GI's l'année dernière à Baghdad ;http://johnwarsen.blog.lemonde.fr/johnwarsen/2005/12/les_aventures_d.html