lundi, octobre 17, 2005

Le jardin de la voisine



Le jardin de la voisine du dessous est resté, comme elle, à l'état sauvage. Il y a une analogie secrète entre les intérieurs, les jardins et la nature féminine, analogie qui m'incite prudemment à ne pas pousser sa fréquentation au delà des banales conversations de palier échangées les rares fois où nous nous croisons.

Mais la vue de ce jardin laissé à moitié à l'abandon me procure toujours un ravissement similaire à celui d'une promenade en sous-bois. L'usage passé du vieux mur rose de droite, composé de briques cuites désagrégées et dans lequel viennent se ficher des pitons de fer rouillés, demeure un mystère. Une murette de pierre en forme de S sépare la terrasse d'argile grisée par les lichens d'une zone envahie de folles herbes et de ronces. Au printemps, on y voit surgir les clochettes blanches des narcisses et des aulx. Le tout est obscurci par l'ombre humide d'un énorme mûrier au pied duquel se terre un grillon philosophe.

Celui-ci ne m'a pas rendu visite ces derniers temps. Je suppose qu'il a commencé son hibernation.

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