mardi, octobre 18, 2005

Petit exercice de réalité


Voici la réponse au quiz précédent. Si je me fie à la classification du film Ghostbusters, il doit s'agir d'un esprit glouton de classe IV. Mais on pourra aussi reconnaître un dragon. J'espère ne pas être encore le seul à le voir cette fois-ci !

Le problème, c'est que maintenant cette image a pris pour moi le pas sur le reste du décor et ma photo est fichue. C'est un peu comme dans le tableau de Dali "le Marché aux esclaves avec disparition du buste de Voltaire" : une fois qu'on a trouvé le buste, on ne voit plus que lui.

Cette persistance des images identifiées va beaucoup plus loin qu'on ne le croit. Un matin d'hiver alors que j'avais très mal dormi, j'étais allé prendre un café sur la terrasse de plain-pied située à l'arrière du bâtiment où je travaillais. C'était un endroit tranquille, séparé des champs et des friches par une grosse haie de buissons et il y avait à ma gauche un banc où je comptais m'asseoir. Mais le banc était occupé par un joli chat de gouttière. Il prenait paisiblement le soleil et je n'ai pas voulu le déranger. Je venais donc de lui jeter un coup d'oeil quand je tourne soudain la tête vers la droite... pour apercevoir un autre chat, énorme cette fois, d'environ un mètre de haut et absolument symétrique du précédent. L'hallucination disparut au bout d'une demie seconde. Il y avait en fait un arbuste de la même couleur que le chat et d'une forme vaguement similaire. Trompé par mon brusque mouvement, mon cerveau avait désespérément tenté de rétablir la continuité entre des perceptions disparates et transformé le buisson en l'animal vu à l'instant.

De fait, la construction de la réalité dépasse le seul sens donné aux formes perçues et s'applique aussi aux principes de base même de l'espace. Je vous propose ce petit exercice instructif : fermez un oeil et regardez autour de vous. Je suppose que vous continuez à voir la profondeur de la pièce qui vous entoure. Cela peut sembler une évidence mais pourtant ça ne l'est pas du tout. L'impression de profondeur découle en majeure partie de la parallaxe entre les yeux. Puisqu'un des deux est fermé, c'est donc notre cerveau qui la reconstitue artificiellement. Une personne qui perd un oeil continue à voir ainsi la profondeur pendant quelques semaines ; puis elle finit par percevoir l'espace en deux dimensions, comme un tableau plat, dressé devant son regard.

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